Prédication Pâques 2015

I Cor 5, 7-8

« Purifiez-vous du vieux levain pour être une pâte nouvelle, puisque vous êtes sans levain. Car le Christ, notre Pâque, a été immolé. Célébrons donc la fête, non pas avec du vieux levain, ni du levain de méchanceté et de perversité, mais avec des pains sans levain : dans la pureté et dans la vérité »

Christ est notre Pâque immolé !

Ce texte de Paul nous rappelle que la Pâques chrétienne trouve ses racines dans la Pâque juive.

La Pâque juive

Pâque signifie « passage » – passage de Dieu au dessus de la maison des israélites lors de leur captivité en Egypte. Au moment du 10è fléau, les israélites ont été épargnés et ont pu se mettre en route vers la liberté car ils avaient du sang sur le linteau de leur porte (Ex 12).
Pâque commémore également le passage des israélites à travers la mer rouge. Selon la promesse de Dieu, la mer se fend en deux et les Israélites passent « à pied sec dans le lit de la mer ». Les Egyptiens, avec leurs chars, ne peuvent pas passer à temps et sont engloutis par les eaux qui avaient repris leur place habituelle (Ex 14).
Pendant la fête de la Pâque juive, il y a sacrifice d’un animal (agneau ou chevreau) sans défaut pour le péché. L’agneau était immolé dans le temple par les sacrificateurs et l’effusion du sang au pied de l’autel remplaçait le rite du sang sur les portes.
Il y a aussi les herbes amères et les pains sans levain (Ex 12, 17) qu’on doit manger avec l’animal immolé. Les herbes amères évoquaient l’amertume de l’esclavage que les israélites subissaient en Egypte pendant 430 ans (Ex 12,
40) et les pains sans levain exprimaient justement la hâte avec laquelle les israélites avaient quitté l’Egypte (Ex 12, 33-34). Ils n’avaient même pas le temps de fermenter leur pâte. D’ailleurs, le levain symbolise la force selon la tradition juive. L’absence de levain dans la pâte rappelle donc qu’Israël n’aurait pas pu se libérer lui-même. Dieu seul est leur libérateur.

Pâque rappelle donc à la fois le passage de Dieu au-dessus des israélites en les épargnant – passage qui sauve et le passage de la mer rouge hors d’Egypte – passage de l’esclavage à la liberté.

La Pâques chrétienne

Christ est notre Pâque immolé. Il est venu en quelque sorte se substituer à l’agneau qui était immolé lors de la fête de la Pâque juive, et par là même invalider le rite central de la fête. Christ est à la fois et le sacrifice et le sacrificateur. Il s’est engagé lui-même sur la croix. « Il est l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » dit Jean-Baptiste (Jean 1, 29).
Les chrétiens ont reconnu dans la mort et en la résurrection de Jésus l’accomplissement de ce que préfigurait la sortie d’Egypte des israélites. A Pâques – jour de la résurrection de Jésus c’est-à-dire le lendemain de la Pâque juive, les chrétiens fêtent leur libération de la mort et leur entrée dans la vie nouvelle donnée par Dieu. A Pâques, les chrétiens passent de la mort – salaire du péché – à la vie en Christ (Jean 5, 24).

La croix du Christ et sa résurrection : base de la foi chrétienne

Chers amis, le Seigneur notre Dieu nous regarde à travers la croix du Christ et nous sauve. Nous rencontrons cet engagement de Dieu pour notre salut lors de notre baptême. N’oublions pas que le baptême est fondé sur la croix du Christ et sur sa résurrection. Ecoutons ce que dit l’apôtre Paul : « Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés pour être unis à Jésus-Christ, nous avons été baptisés en étant associés à sa mort ? Par le baptême, donc, nous avons été mis au tombeau avec lui pour être associés à sa mort, afin que, tout comme le Christ a été ramené d’entre les morts par la puissance glorieuse du Père, nous aussi nous vivions d’une vie nouvelle. » (Rom 6, 3-4).

Par notre baptême – par ton baptême, tu es mort et enseveli avec Christ. Mais Christ ne restait pas dans la tombe, il est ressuscité. Il a vaincu la mort. La mort, elle est morte ! La vie n’est plus limitée par la mort, la mort est à présent limitée par la vie. La mort n’est plus !!! Car elle n’est plus définitivement mortelle.
Toi aussi, tu es ressuscité avec Christ le jour de ton baptême – tu es né de nouveau en Christ car les choses anciennes ont été passées. Le dernier mot de ta vie est déjà prononcé lors de ton baptême : “tu es mon fils (ma fille)” dit le Seigneur “je t’ai enfanté(e) aujourd’hui”(Ps 2, 7). Le baptême est la mort de l’humain à sa vie passée et la nouvelle naissance à la vie en Dieu. « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature » (II Cor 5, 17 ; Rom 6, 12-14). Autrement dit, il n’y a pas Pâques sans la croix. Mais bien entendu la croix serait vaine si le Christ n’était pas ressuscité.

Vous êtes enfants de Dieu !

C’est pourquoi l’apôtre Paul nous rappelle aujourd’hui : «Purifiez-vous du vieux levain pour être une pâte nouvelle, puisque vous êtes sans levain» (v 7).
Le vieux levain n’est autre que le fait de dire : « je réalise moi-même ma vie – je n’ai besoin ni du Christ ni de la vie nouvelle qu’il m’a offert ».
Le vieux levain c’est aussi le fait de mélanger Jésus-Christ – la lumière du monde avec les ténèbres – ou Jésus-Christ – la justice avec le mal (voir I Cor 10, 1s – l’apôtre Paul comprend la traversée des israélites de la mer rouge comme étant un baptême, mais cet acte n’a pas empêché la désobéissance du peuple et sa perte).
Purifiez-vous donc de ces vieux levains puisque vous êtes sans levain.
Vous êtes sans levain signifie vous êtes enfant de Dieu – les enfants de Dieu passent leur journée comme enfants de Dieu, pas comme ses ennemis ! (voir I Cor 15, 10)

Les croyants annoncent la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ en paroles et en actes

Par ailleurs, la résurrection de Jésus nous dit aussi que la voie de l’amour suivie inconditionnellement par lui jusqu’au don de sa vie, n’est pas une voie sans issue qui ne déboucherait sur rien. La voie de l’amour est aussi la voie de la vraie vie, de la vraie liberté (I Cor 13 ; Col 3, 14 ; II Cor 3, 17).

L’Eglise, le croyant, doit prendre part à cet amour pour que leur vie en Christ se répande dans le monde, pour que le monde dans son ensemble : la politique, l’économie, le social, la culture, la science, l’histoire, l’avenir, la pensée, le projet, l’esprit, le corps, etc. – accepte l’illumination de la victoire du Christ – pour que tout le monde reçoive la vie nouvelle apportée par Le Ressuscité. Cette vie nouvelle n’est autre que l’accomplissement du Royaume de Dieu. Ici bas, on la vit dans la foi, dans la joie et dans la persévérance. Là-haut, on la vit dans l’abondance sans pareil dans la maison de Dieu.

Gloire au Père, au Fils et à l’Esprit Saint – autrefois, maintenant et toujours. Amen.

Naina ANDRIALAMPISON, Pasteur